We’ve updated our Terms of Use to reflect our new entity name and address. You can review the changes here.
We’ve updated our Terms of Use. You can review the changes here.

Barcelone un soir

from La vie c'est de la viande qui pense by Néry

/
  • Streaming + Download

    Includes unlimited streaming via the free Bandcamp app, plus high-quality download in MP3, FLAC and more.
    Purchasable with gift card

      €1 EUR  or more

     

lyrics

BARCELONE UN SOIR

Barcelone, le soir, d’un mercredi à boire. Petite rue près du port, restaurant argentin. Une enfilade de tables, un bandonéoniste. À ses côtés une femme qui doit être sa femme, quelques amis, des proches qui entourent l’artiste des amis musiciens, des aficionados. Compagnons bienveillants, Argentins tout de noir, tenues d’expatriés, rigueurs ambassadées. Des clients satisfaits par avance réjouis, des habitués stoïques stoïquement habitués.

“Te quiero amar, por la vida que tu cuerpo que deseo sea capella de placer de passion y de illucion ... ”

À gauche de l’entrée, une table, deux garçons vingt-deux ou vingt-trois ans, sagement captivants. Discrètement, ils s’aiment, mais ils s’aiment sûrement. L’un, des yeux, dévore l’autre, défiant la bienséance. L’autre sourit au lointain de la salle qui s’élance. Il sourit aux étreintes en caresses insistantes auxquelles, moins discrets, leurs pieds aimants se livrent. Les deux garçons sourient, pensent-ils à eux deux, à eux deux, seuls, plus tard dans la dérive du soir ? Ils parlent, puis ils se taisent puis ils reparlent encore. La musique déchirée en notes lacérées devient respiration, torture et tentation.

Le vin lourd et charnu rassemble toutes les tables en tâches pourpres qui unissent les corps et tous les diables. Les yeux des deux garçons s’attirent et se désirent. Plus rien n’a d’importance tant s’impose alentour jaillissante et sauvage l’évidence de l’amour. Personne, pas même Dieu, ne nierait être troublé. Le temps soudain s’arrête, on chuchote et l’on guette.

D’un élan transporté, leurs bouches se dévorent; s’acharnant en baiser, leurs langues se confondent. Et puis comme deux aimants devenus soudain contraires, tout aussi vivement leurs lèvres se desserrent, s’arrachant, s’éloignant elles lâchent et s’abandonnent. Leurs yeux glissent et se fuient loin là-bas, loin de l’autre, loin de lui, loin de nous, vers ailleurs, loin, très loin. Leurs visages s’opposent, et rien ne s’était passé. Leurs pieds, même, sont rangés bien sagement scolaires, sur la table les mains posées sur les couverts. Mais, brillantes leurs lèvres, figées dans un sourire, et leur teinte rougie tendrement les trahit.

Mon regard sur eux prudemment s’éternise. Je ne suis pas le seul à avoir vu la scène, et ceux qui ont tout vu font ceux qui n’ont rien vu. “Obscène !?” Mes yeux sont attirés et piochent encore vers eux leur visage de jeunes hommes, leur image d’hommes heureux.
Je souris, ils me voient, vont-ils le prendre mal ? Je me lève, ils s’étonnent, et je m’approche, idiot. Je me penche sur eux et je leur dis un mot.
Ils éclatent de rire visiblement surpris, je retourne m’asseoir et c’est moi qui rougis.
Le musicien entame un air de circonstance, car, dans ces moments-là, tous les airs argentins ont l’air de circonstance et transportent nos démences.
Sur le moment, j’écris sur un petit carnet les phrases qui me viennent pour fixer quelques traits : ces deux amants, là, sont deux êtres qui s’aiment et leur amour est beau, au-delà des raisons. Tant pis pour ceux qui crient “ Nature tu t’es trompée !”, car l’Amour aveuglé leur a dit de s’aimer.

Un mouvement, ils payent, leur danse me réveille un sourire vers moi, un salut vers les autres ils s’en vont vers ailleurs et la musique pleure.
Un long moment, sans doute, j’écoute le musicien qui porte au paradis mes plus belles pensées, je l’écoute sans rien dire encore de longues heures et mes mots posés là sont les témoins émus de ce soir où j’ai bu, où j’ai bu et trop bu.

“Te quiero amar, por la vida que tu cuerpo que deseo sea capella de placer de passion y de illucion.

Que tu sangre, amor, sea bebida, bautizo de nuestro daño, el simbolo de nuestro encuentro, de violenza y de dolor.

Las carnes se comen, el vino se traga el musico toca, el publico canta. ¡Cosecha del alma, la musica llora me planto las uñas y me como el pais!”

credits

from La vie c'est de la viande qui pense, released March 15, 1999

license

all rights reserved

tags

about

Néry Paris, France

contact / help

Contact Néry

Streaming and
Download help

Report this track or account

If you like Néry, you may also like: