Ce pays (Québec en hiver)
J’aime ce pays sous la neige
aux fraîches idées que je m’en fais
nos pas croquants, nos pas cassants
la valse lente des flocons blancs.
J’aime les regards sous la neige.
J’aime ces regards sous la neige
ceux qui sourient de nos méfiances
se rient tout haut de nos différences
et filent au fil d’une insouciance.
J’aime les rêveries sous la neige.
J’aime mes rêveries sous la neige
comme j’aime toutes mes rêveries
celles qui habitent mes idées « X »
et déshabillent mes idées fixes.
J’aime ce p’tit cul sous la neige.
J’aime ce p’tit air sous la neige
ce p’tit visage cassant comme le verre
qu’un seul éclat tranchant et pur
tâcherait de rouge mon bel hiver.
J’aime cette fragile aventure.
Changement de température.
on s’active dans la démesure
on se salue, on n’est pas sûr
quelques chansons qu’on remesure.
J’aime pas chanter quand faut y’aller !
Manèges incertains
de nos sentiments vains
et puis bercé, soudain
le mouvement vient de loin
Alors monte un bonheur
communié un instant
moment où l’on effleure
le plus pur sentiment
Changement de plateau
la rupture est très brusque
on nous arrache trop tôt
et l’âme s’en offusque
Mais déjà sur nos traces
surgissent d’autres mots
d’autres plaisirs s’enlacent
à un nouveau tempo
Résonances clandestines.
quelques chairs argentines
en bon français s’expriment
loin des terres d’origine.
Une trompette sauvage
s’ébroue dans mon nuage,
réveil l’animal,
d’un désir cannibale
« Némo » de son prénom,
loin d’être capitaine,
agit en moussaillon
de ses vingt berges à peine
Brise-glace cocasse
bondissant, efficace
d’une éclatante grâce.
je le suis à la trace !
Mon âme à ses musiques
traverse des océans
de rêves métaphysiques
giflée par tous les vents
Ma démesure fait face
aux tempêtes qui menacent
et debout dans ma barque
je résiste et je m’arque
Némo est capitaine
et maître du navire
et le chant des sirènes
m’envoûte et je chavire
J’aime ce pays sous la glace,
le traversier qui perce et trace,
depuis Lévis jusqu’à Québec
un fin sillon dans le froid sec.
On est tout petit, la nuit est pure
J’aime ce pays où les pensées
ont le temps de tomber du ciel.
volant en fragiles parcelles
qui se figent à moins vingt degrés.
J’aime ce pays qui m’enlace
Changement de température
pour un long voyage en voiture
dans la chaleur en démesure
d’une soufflerie qui nous rassure.
Le lecteur avale les disques
comme une vieille avale l’hostie
et dans ses rondeurs mélodiques
ouvre la route et nous conduit.
La route enjambe nos pensées
aux bras d’acier de Jacques Cartier
et dans le métal en dentelle
nous traversons la ville au ciel
La musique à ce moment-là
est celle d’un Astor Piazzola
et une confusion idéale
lie Buenos Aires à Montréal.
J’aime ce pays sous la neige
aux fraîches idées que je m’en fais
nos pas croquants, nos pas cassants,
La valse lente des flocons blancs.
J’aime ce pays sous la neige.
J’aime ces regards sous la neige.
J’aime ce p’tit air sous la neige.
about
Maquette d'une chanson écrite en tournée au Québec qui alterne entre le froid pur et cassant de l'hiver canadien et l'intensité bouillonnante des salles de concerts et des rencontres que l'on y faisait.