1. |
Un colis
01:02
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UN COLIS
"Monsieur Catineau ?
—Oui
—Vous avez un colis de l'Amour
—Ah, c'est pour moi ?
—Oui, pour vous !
—Merci, c'est gentil !
—Ne dites rien, c'est pour vous, voilà !
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2. |
Un jour gris
03:33
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UN JOUR GRIS
Un jour gris,
Des cloches,
Un dimanche,
Mars.
Blotties le long de la Seine,
Les maisons refroidies
Ajoutent au gris :
Du gris.
Notre-Dame grise,
Le Panthéon gris,
La Seine sombre,
Une dame aux cheveux bleus
Et du vent froid.
Une écharpe rouge
Et un Loden vert,
Une baguette déjà froide
Et un missel de pierre
Plongent dans la gorge
D'un immeuble austère.
Un bateau-mouche, déserté,
Glisse sur l'ennui d'un commentaire hors saison.
Le bruit sec des talons
D'un couple transi
Ajoute au gris
Une note de glace.
Des touristes vert anglais
Engouffrent leurs souvenirs
Dans un grand bus chauffé
Et vont quitter Paris
Sur fond de nostalgie.
Un jour gris,
Des cloches,
Un dimanche,
Mars.
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3. |
Petite dame
02:13
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PETITE DAME
D’un côté, petite dame
avait un gros sac jaune,
et du sien, petit homme
avait un grand sac rouge.
Petite dame, d’un côté
était petite mais grande,
petit homme était court
mais n’avait rien fait contre.
Petite dame ignora
les vues de petit homme.
Petit homme reluqua
les seins de petite dame.
Petit homme bien marié
oublia petite dame.
Petite dame n’a rien su,
elle rêvait d’un autre homme.
Trottinant, petite dame,
gambadant, petit homme,
ignorèrent que là-haut
dans le ciel qu’est tout gris,
d’un immeuble pas très gros
une petite fenêtre
cachait un petit être
plus curieux qu’une souris.
D’un côté Petite dame
s’en est allé à gauche,
et de l’autre petit homme
s’en est allé tout droit.
D’un côté petite dame
et de l’autre petit homme
allaient vivre en famille
un beau Noël qui brille.
D’un côté, petite dame
avait dans son sac jaune,
et du sien petit homme,
avait dans son sac rouge
des paquets en pagaille
pimpantes pacotilles
des folies de p’tite dame,
les envies d’un p’tit homme.
Petit homme était riche
mais n’avait plus d’idées.
Petite dame pleine d’idées
rêvait d’un p’tit homme riche
Petit homme prit de court
courrait contre la montre.
petite dame mit trois jours
à s’acheter la sienne.
Dans cinq ans jour pour jour
ils se diront bonjour,
mais ça n’a rien à voir,
et ce s’ra par hasard !
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4. |
Saint Valentin
00:48
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SAINT VALENTIN
Ils se tiennent par la main,
À la Saint Valentin
Et moi, je n'tiens personne...
Ils se tiennent par la main,
À la Saint Valentin
Et moi, je n'tiens personne...
Mais moi, j'en tiens une bonne !
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5. |
Toi et moi
04:40
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TOI ET MOI …
Toi tu joues, et moi je t’aime.
Toi, tu joues, eux, ils dansent et moi je t’aime.
Toi, tu joues, je n’ai d’yeux que pour toi eux , ils dansent, tu souris, et moi je t’aime
Toi, tu joues, tu transpires, je n’ai d’yeux que pour toi, l'orchestre se balance, eux ils dansent, leurs ombres nous séparent, tu souris, je te perds, et moi je t’aime
Toi, tu joues, tu nous regardes tous, tu transpires, eux ils suent, je n’ai d’yeux que pour toi et pourtant ils sont là, l'orchestre se balance, en musique et en transe, eux ils dansent, tu épuises la musique leurs ombres nous séparent, leur nombre nous éloigne, tu souris, eux ils crient, je te perds, ils m'agacent, et moi je t’aime
Toi, tu joues, et les notes m'enivrent tu nous regardes tous, saoulés de ta musique, tu transpires, je te boirais bouillant eux ils suent, et gênent mon envie je n’ai d’yeux que pour toi, jaloux, et pourtant ils sont là, au même titre que moi, l'orchestre se balance, je me saoule, en musique et en transe, je bois, je rebois, eux ils dansent, je m'balance malgré moi tu épuises la musique je te vois, je te bois leurs ombres nous séparent je te perds et je bois leur nombre nous éloigne j'idéalise, “Amour!”, tu souris, à qui ?
Eux ils crient, et je crie, je te perds, j'perds au change ils m'agacent, toi tu joues et moi je t’aime
Cet amour-là, je veux bien y penser, mais je n’peux pas y croire.
Toi tu joues et moi je t’aime
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6. |
Chienne d'envie
05:10
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CHIENNE D’ENVIE
Si tu étais un chien comme ceux qu’on croise dans les rues,
Je t’aurais, c’est certain, sifflé, tu s’rais venu.
Si tu étais un chien comme ceux qu’on croise dans la rue,
J’aurais pu t’approcher sans être ému.
Si tu étais un chien comme ceux qu’on croise en se promenant,
T’aurais eu ce regard que j’ai croisé en te voyant.
Si tu étais un chien comme ceux qu’on croise en se promenant…
T’aurais eu ce regard !
Si tu es bien le chien que j’ai croisé en me promenant
J’aurais du te dire : “viens!” tu s’rais venu en courrant.
Si tu es bien le chien que j’ai croisé rue Rimbaud,
En te flattant de la main, j’te jurerais qu’t’es très beau !
Si tu es bien le chien que j’ai croisé rue Rimbaud,
En te flattant de la main, j’te jurerais qu’t’es très beau !
Et sans risquer de toucher à ton indépendance
Tu te laisserais flatter juste à ta convenance.
Puis en ayant assez, en feignant l’innocence,
Soudainement attiré par une envie meilleure
Tu t’éloignerais, comme tu le fis d’ailleurs
Avec impertinence.
Si tu étais un chien comme ceux qu’on croise en se promenant,
T’aurais eu ce regard que j’ai croisé en te voyant.
Si tu étais un chien, si tu étais un chien,
Si tu étais un chien, tu ne s’rais pas le mien.
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7. |
Taxi!
05:52
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TAXI !
Qu’est-ce qu’i s’dit dans les taxis,
dans les avenues de Paris ?
Qu’est-ce qu’i s’dit de si senti
qu’on en parle par-là aussi ?
Il se dit qu’Paris va bien,
Il se dit qu’Paris va mal,
Il se dit des choses de rien,
Il se dit des choses banales.
Il se dit que l’on f’rait bien
d’nettoyer la Capitale,
Il se dit des choses pas bien
Qu’ont rapport à la morale.
« Foutez-les dehors ! »
I’s’dit qu’avant c’était bien
qu’on en avait dans l’bocal,
mais qu’avec ces bons à rien
le merdier il est total
Il se dit “ avance connard…!
z’avez vu cet animal ?!”
Il se dit que d’ces bâtards
Y’en a plus que la normale.
Foutez-les dehors
Qu’est-ce qu’i s’dit
dans les taxis,
dans les av’nues de la France ?
Qu’est-ce qu’i s’dit de si senti
qui mettent les Français en transe?
Il s’y dit qu’un grand Breton
nous sauv’ra de notre sort,
moi je trouve que le cochon
c’est bon au four et bien mort.
Il s’y dit à haute voix
des choses qu’on croyait désuètes,
il s’y oublie qu’autrefois
on prit le Juif pour une bête.
Ces gens me font peur
Qu’est-ce qu’i’s’dit
dans les taxis
dans les av’nues de la Terre,
qu’est-ce qu’i’s’dit de si senti
et qui fiche la Terre parterre ?
I’s’y dit qu’les extrémistes
font sa fête à la raison,
i’s’y dit des trucs en “iste”
qui font peur à ma chanson.
Ces gens me font peur
Qu’est-ce qu’i’ s’dit dans les taxis
des av’nues de l’Univers,
Qu’est-ce qu’i s’dit,hein Monsieur Guy,
dans votre taxi à voiles solaires ?
Il se dit qu’bientôt sur Terre
les hommes auront mieux à faire
Comprenant que leurs envies
sont moins grandes que l’univers
Ils se cherch’ront des ennemis,
car les hommes aiment bien la guerre,
mais ils comprendront aussi
qu’on peut vivre la tête en l’aire
et iront planter la vie
en grande banlieue de la Terre
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8. |
Bernard
03:21
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BERNARD
J’aime ton cul de grosse putain !
Ton fessier, ton popotin
J’aime ton gros cul qui pendouille
Qui prouve bien qu’t’es qu’une andouille !
Charcuterie, les jambes en l’air
La boucherie, t’es très vulgaire !
Ah ! ça, t’aimes bien qu’on te fesse,
Qu’on te traite de grosse ânesse,
Et tu couines comme un porcin
La couenne collée au traversin !
Décidément, tu n’as pas d’âme
Espèce de gros pâté infâme
Ton amour, c’est des rillettes
Sur cent grammes y’a que du gras
Et tu mouilles comme une lavette
Si on t’lèchouille le cervelas…
Quoi ! tu pleures, gros morceau d’beurre ?
Tu m’fais peur, arrêtes l’horreur !
Ça chiale pas un gros boudin, ça transpire, hein !
ça chiale pas !
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9. |
Les amants
03:42
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LES AMANTS
Ils ont dîné en tête à fesses
et firent l’amour au Taittinger
en amoureux à en mourir
au rez-de-chaussée d’un vieil hôtel
sans déchausser au septième ciel.
Prenant la route en tête à queue,
ils la quittèrent en plein soleil.
La tête dans l’cul ils virent le ciel,
la tête au ciel… ils l’ont dans l’os !
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10. |
Carnet de notes
03:19
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CARNET DE NOTES
En page 1 : une note pour lancer ma chanson.
En page 2 : une adresse c’est la tienne en caleçon
En page 3 : au crayon mes souvenirs en chiffon
En page 4 : c'est le vent, c'est Calvi enivrant
En page 5 : un Post-it, une page parasite
En page 6 : c'est à faire, l'étude journalière d'une saucisse en l'air.
En page 7 : c'est à Lyon, 21,père Marion
En page 8 : c'est Miguel par le 3, 22 12 et 88 !
En page seule : une page blanche, pas un mot c'est son droit
En page sale : des illusions, des sensations, des impressions, bon, bon, bon !
Ça commence à Paris et ça finit tout crade entre temps par l'Espagne par 4 ou 5 fois, trimbalé en Bretagne, coup de pluie, coup de froid.
Ça finit ou ça commence ça tourne autour de moi
Page 17 : quelques mots d'une chanson déjà faite.
Page 18 : la même chose c'était un jour de prose
À cette page : dans un train … tiens, tiens, tiens,
je rêvais tout serein d'un élevage de putains
Page 22 : Alain Grall bossait à la capitale
Page volante je suis à Nantes à la radio Tom Jones qui chante
Page 23 : Y'a Manon suivit de deux points et puis plus rien.
Ça commence à Paris et ça finit tout crade entre temps par l'Espagne par 4 ou 5 fois, trimbalé en Bretagne, coup de pluie, coup de froid.
Ça finit ou ça commence ça tourne autour de moi
Page 24 : Alex Bordier son adresse à toute vitesse on s'est revu, on à bien bu, c'était une page qui m'a plu
Page suivante : p’t’être qu’je m'plante,
Jérémie, une adresse chez un monsieur qui loge ses fesses.
Un point virgule : le jeune Hercule, se pourrait-il qu'Yannick l'ennuie ?
Une page plus loin : Alain Buisson, vous l'connaissez on dit :"Bulon"
En page 32 : c'est la Tordue, on s'voit souvent puis on s'voit plus.
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11. |
18h24
08:09
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18 H 24
18h24
Sous sol pas drôle,
Ambiance qui sommeille:
Marseille.
À la gare maritime
Une femme pousse au bar
S’accoudant au comptoir
Pour un seul départ
À la gare maritime
Voguant dans un abîme
son avenir s’abîme
En sourires aux traînards
Un coup de main spontané,
Quelques chaises rangées
L’élèvent immédiatement
Au rang de bonne fille.
Sûr elle est très gentille
Mais la vie l’est rarement
Et mon Dieu, mon dieu, mon Dieu !
c’qu’elle est moche,
Le menton en galoche !
20 heures,
Nous on part,
elle reste là fondue au bar
20 heures,
Nous on part,
elle reste là vissée au bar
20 heures,
Nous on part,
elle reste là clouée au bar !
Départ.
Le bateau en partance
installe ses passagers
J’ai vraiment de la chance
De pouvoir voyager
Est-ce vraiment de la chance ?
Est-ce vraiment de la chance
Où une fuite enragée
vers une vie toujours libre
qui permet de changer
mille fois, trois mille fois,
dix mille fois de façon de vivre ?
Quand on s’éloigne lentement
De son port d’attache,
Et que l’on a largué
Les dernières amarres,
On oublie les tourments
qui au port se rattachent,
Querelles d’hommes à quai
Qui s’ennuient saouls au bar
Qui s’ennuient vissés au bar
Qui s’ennuient cloués au bar !
il est vrai qu’en laissant
derrière soi ses histoires,
Tracasseries de grands
À vivre en société,
On redevient l’enfant
Persuadé qu’en : “vouloir“
Il trouve immédiatement
parade à l’anxiété
La tête baignée d’étoiles,
Du vent dans les idées,
Je n’suis plus responsable
De ma destinée !
Unique rappel
de l’existence humaine,
Cette masse de ferraille
qui déchire la mer
Les hommes ont peur qu’elle
Se déchaine, surhumaine.
Canots, gilets, victuailles
Le défi n’est pas fier.
20 H. 45
scintillantes abeilles,
Un essaim de lumières, veille
Marseille.
Si elle voyait
Comme c’est petit l’ennui
Quand on le voit d’ici
Sa vie n’est plus qu’une vie,
Juste une estimation
qui se mêle au million
d’une population
si elle venait,
Elle rirait de l’ennui
et choisirait d’ici
De son doigt indécis
Une autre destination.
Elle aurait un million,
Un mari, une maison.
Elle aurait un million,
Un mari…
… Mais elle n’est pas du voyage !
Mais elle n’est pas du voyage
et chute du bastingage.
Elle écume dans l’eau noire,
et hurle de désespoir,
Elle écume dans l’eau noire,
et s’éloigne.
Personne ne me croirait
si je donnais l’alarme
Et mes rêves me distraient :
“Et que meurt la dame !”
L’histoire est violente,
Mais la vie est violente !
Et mon Dieu, mon dieu, mon Dieu !
C’qu’elle est moche
Le menton en galoche !
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12. |
Barcelone un soir
05:33
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BARCELONE UN SOIR
Barcelone, le soir, d’un mercredi à boire. Petite rue près du port, restaurant argentin. Une enfilade de tables, un bandonéoniste. À ses côtés une femme qui doit être sa femme, quelques amis, des proches qui entourent l’artiste des amis musiciens, des aficionados. Compagnons bienveillants, Argentins tout de noir, tenues d’expatriés, rigueurs ambassadées. Des clients satisfaits par avance réjouis, des habitués stoïques stoïquement habitués.
“Te quiero amar, por la vida que tu cuerpo que deseo sea capella de placer de passion y de illucion ... ”
À gauche de l’entrée, une table, deux garçons vingt-deux ou vingt-trois ans, sagement captivants. Discrètement, ils s’aiment, mais ils s’aiment sûrement. L’un, des yeux, dévore l’autre, défiant la bienséance. L’autre sourit au lointain de la salle qui s’élance. Il sourit aux étreintes en caresses insistantes auxquelles, moins discrets, leurs pieds aimants se livrent. Les deux garçons sourient, pensent-ils à eux deux, à eux deux, seuls, plus tard dans la dérive du soir ? Ils parlent, puis ils se taisent puis ils reparlent encore. La musique déchirée en notes lacérées devient respiration, torture et tentation.
Le vin lourd et charnu rassemble toutes les tables en tâches pourpres qui unissent les corps et tous les diables. Les yeux des deux garçons s’attirent et se désirent. Plus rien n’a d’importance tant s’impose alentour jaillissante et sauvage l’évidence de l’amour. Personne, pas même Dieu, ne nierait être troublé. Le temps soudain s’arrête, on chuchote et l’on guette.
D’un élan transporté, leurs bouches se dévorent; s’acharnant en baiser, leurs langues se confondent. Et puis comme deux aimants devenus soudain contraires, tout aussi vivement leurs lèvres se desserrent, s’arrachant, s’éloignant elles lâchent et s’abandonnent. Leurs yeux glissent et se fuient loin là-bas, loin de l’autre, loin de lui, loin de nous, vers ailleurs, loin, très loin. Leurs visages s’opposent, et rien ne s’était passé. Leurs pieds, même, sont rangés bien sagement scolaires, sur la table les mains posées sur les couverts. Mais, brillantes leurs lèvres, figées dans un sourire, et leur teinte rougie tendrement les trahit.
Mon regard sur eux prudemment s’éternise. Je ne suis pas le seul à avoir vu la scène, et ceux qui ont tout vu font ceux qui n’ont rien vu. “Obscène !?” Mes yeux sont attirés et piochent encore vers eux leur visage de jeunes hommes, leur image d’hommes heureux.
Je souris, ils me voient, vont-ils le prendre mal ? Je me lève, ils s’étonnent, et je m’approche, idiot. Je me penche sur eux et je leur dis un mot.
Ils éclatent de rire visiblement surpris, je retourne m’asseoir et c’est moi qui rougis.
Le musicien entame un air de circonstance, car, dans ces moments-là, tous les airs argentins ont l’air de circonstance et transportent nos démences.
Sur le moment, j’écris sur un petit carnet les phrases qui me viennent pour fixer quelques traits : ces deux amants, là, sont deux êtres qui s’aiment et leur amour est beau, au-delà des raisons. Tant pis pour ceux qui crient “ Nature tu t’es trompée !”, car l’Amour aveuglé leur a dit de s’aimer.
Un mouvement, ils payent, leur danse me réveille un sourire vers moi, un salut vers les autres ils s’en vont vers ailleurs et la musique pleure.
Un long moment, sans doute, j’écoute le musicien qui porte au paradis mes plus belles pensées, je l’écoute sans rien dire encore de longues heures et mes mots posés là sont les témoins émus de ce soir où j’ai bu, où j’ai bu et trop bu.
“Te quiero amar, por la vida que tu cuerpo que deseo sea capella de placer de passion y de illucion.
Que tu sangre, amor, sea bebida, bautizo de nuestro daño, el simbolo de nuestro encuentro, de violenza y de dolor.
Las carnes se comen, el vino se traga el musico toca, el publico canta. ¡Cosecha del alma, la musica llora me planto las uñas y me como el pais!”
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13. |
Falla menor
05:03
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FALLA MENOR
Si me queman el dedo
Me comerán la mano.
Si me falta la mano,
Me arrancaran el brazo.
Si ya no tengo brazo,
Que les importara mi cuerpo.
Mi cuerpo deshecho,
Derramado,
No quedara de mi
Nada mas que nubes
De ceniza blanca
Al cielo ardiente.
Las llamas ahora
Me lamen la boca.
Mis labios,
Sonrientes,
Se desforman,
Violentado
De besos hirvientes.
Las llamas ahora
Me comen la boca
Ni un grito sale
De mi garganta
Chimenea de fuego.
Mi cabeza se cae
Ligera al suelo...
Por no ser
El mas guapo,
El museo
No me esconderá
En sus recuerdos
Helados y quietos
De fiestas pasadas,
Yo, muñeco de papel
Carbonizado,
Falla menor,
Muriendo sin dolor
En plaza mayor...
Valencia,
El diez y nueve de Marzo.
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14. |
Lamaghje
03:44
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LAMAGHJE
Texte français (ronces) : Néry
Traduction corse : Jèf Vega du groupe "l'Alba"
A l'ortu cusÌ bellu, di l'amori in fiore.
Aghju fattu un giru quÌ nucente di felicità.
Mi so pigliu u core à i pruni di lu to amore.
Sepalu sanguinosu di frutti rossi rilucenti.
Ignurendu u dulore di carrezze in spine
M'infrugnu torna di più per godesi nè di più.
Tiru, mi strappu, a mo pella cede in stracci.
Tiru, sentu a pena, a pena, ma mi piace.
Di a bocca è di u core divoru di brama
E belle suchjose in caspa chÌ m'insanguineghja.
I pruni ch'o mi cacciu so mille ferite ardente
ChÌ m'agguantanu quandu mi nè dizzingu.
Sdradicheghju torna è le mo ferite si scavanu.
E avà torna mi sente a pena, più pruni, più frutti
Ma un ghjumellu di ferru, duve s'appiccanu
Frastagliati i pezzi di a mo carne.
U dolore hè in mè divente piecè.
Piecè stranu di soffre, di strughje
A racolta hè amara mi stiru, respiru
E e mo leie si dizziganu, s'alluntanu è smariscenu.
E mo piaghe si sarranu, inchjaccate carnose
Cume'è labre cusgite pruibite à l'amore.
Un ci restanu chè parolle, parolle, parolle
E mi sentu scemu, mi sentu scemu.
A l'ortu gattivu, di l'innamurati in pienti
Aghju fasciatu e ferite chÌ firmaranu pè sempre.
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15. |
Bois de chauffage
00:36
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16. |
Tiens, l'hiver !
03:36
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“TIENS, L’HIVER !”
Une rangée de petits arbres,
De jeunes hommes en gants bien jaunes
Élégamment vêtus palabrent
Juste un peu fort, les mains en cône.
“Entendez-vous, au loin la bise ?”
“C’est bien la mort que l’on aiguise !”
Tout autour d’eux les prés s’étonnent:
“Comment, comment, déjà l’Automne ?”
“Espèces de bout d’ bois prétentieux !”,
Murmure en lui, l’Été anxieux.
“Je vous assure ça sent la sciure ?”,
Siffle l’Hiver d’un ton très sûr.
“Silence dehors, car moi je dors !”,
Râle le Printemps de son lit d’mort.
Une procession de tournesols, secs,
Bouquet d’évêques qui se gondolent, secs
La tête au sol, claquant du bec, pic
Rigolent sec et parabolent, sic :
“ V’là l’hiver, impec !”
“ Tapis vert, blanc-bec !”
“ Si y’en a des qui rigolent, on colle Noël aussi sec !”
“ V’là l’hiver, impec !”
“ Tapis vert, blanc-bec !”
“ Pique, pique la vie s’ra dur jusqu’à Pâques on vous l’assure !”
“Toc ! ”
“Y’a pas l’feu, allons les vieux !”
S’écrie l’Automne qui s’étonne “
A moi dans peu et c’est tant mieux”,
Siffle l’Hiver d’un ton sévère.
“Y’a plein d’couleurs et c’est plein d’fleurs ?”
Rêve le Printemps de son lit blanc
L’été dit rien il est ailleurs et coule au loin des jours meilleurs.
“ V’là l’hiver, impec !”
“ Tapis vert, blanc-bec !”
“ Si y’en a des qui rigolent, on colle Noël aussi sec !”
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17. |
Ronces
04:03
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RONCES
Au jardin si joli des amours en fleurs
J’ai fait un tour ici, innocent de bonheur
Je me suis pris le coeur aux ronces de ton amour
Bosquet saignant de fruits rouges, éclatants
Ignorant la douleur de caresses en épines
Je plonge plus loin encore pour mieux en profiter
Je tire, je me déchire, ma peau cède en lambeaux
Je tire, j’ai mal, j’ai mal, mais c’est si bon
De la bouche et du coeur je dévore de désir
Les baies juteuses en grappes dont je m’ensanglante
Les ronces dont je m’arrache sont au moins mille blessures
Ardentes, qui m’agrippent lorsque je m’en détache
J’arrache encore, j’arrache et mes blessures se creusent et le mal à présent me fait mal. Plus de ronces, plus de fruits, mais une pelote de fer où pendent, déchiquetés des morceaux de ma chair
La douleur est en moi, redevient le plaisir
Étrange plaisir, de souffrir, de détruire
La récolte est amère, je m’étire, respire
Et mes liens se desserrent, s’éloignent et disparaissent
Mes plaies se referment, cicatrices charnues
Comme des lèvres recousues interdites à l’amour
Il ne reste que des mots, des mots, des mots
Et je me sens idiot… …Idiot
Au jardin pas joli des amoureux en pleurs
J’ai pansé des blessures qui signeront ma vie.
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18. |
J'aime mon chien
04:03
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J’AIME MON CHIEN
J’aime bien les noces
J’aime bien les bals
J’aime bien être seul
J’aime bien rêver
J’aime bien mon chien
Il s’appelle « TÊÊÊTE »
C’est con comme nom « TÊÊÊTE » pour un chien !
J’aime bien les mouches
J’aime pas les côtes
Surtout quand il faut les monter
J’aime mes chaussures
J’aime bien chanter
J’aime bien mon chien
Qu’est « Colonel »
C’est chouette « Colonel » pour un chien
J’aime la musique
J’aime le facteur
J’aime les navets
J’aime un p’tit peu la pluie
J’aime bien mon chien
Qu’est « GRÂNOTABLE »
Et c’est pas rien d’être ça
Quand on est un chien
J’aime bien mon chien
Qui est un vrai « CRANTOTÊÊÊL » ça s’dit les dents serrées et le doigt bien en l’air
Comme une sentence incontournable
Prononcée avec convenance
J’aime bien mon chien...!
Et le boudin…!
Ça vit longtemps un chien ?
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19. |
Chemins d'hiver
04:14
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CHEMINS D’HIVER
Toi, tu étais dans le train,
Et moi j’étais dans le mien,
Nous pensions l’un à l’autre.
L’un vers toi, l’autre à moi,
Nous roulions.
Des volutes de brouillard
S’échappaient de l’encensoir
Des entrailles de la Terre.
Enveloppant dans le soir
Routes grises et champs noirs
De nos chemins d’hiver.
Un jour avait passé,
Une nuit avait givré,
Le soleil s’est levé,
Puis il s’est recouché,
Sur nos petites histoires
À droite de l’accoudoir.
Toi tu étais dans mon train,
Et moi j’étais dans le tien,
Nous allions de l’un à l’autre,
Tu fumais, je rêvais
Nous volions.
Les anges de la nuit
Transportaient nos images
Nos envies ahuries
Comme des rêves volages
De nuage en nuage
En gouttelettes de pluie.
Tu remonterais du Sud,
Rempli de certitudes
Moi j’arriverai du Nord,
En changeant à Bastille.
On s’retrouverai tout con
Bout du quai, gare de Lyon.
Toi, tu es là sur le quai,
Et moi je suis là sur le quai.
Entre nous il n’y a qu’des valises
Et juste la place pour s’dire : « Bonjour ».
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20. |
Les Grandes Jorasses
01:26
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LES GRANDES JORASSES
C’est sur les larges pentes de la Grande Jorasse, que déboulent épatantes, en volée de rapaces, les filles ahurissantes, assez grandes bécasses, boudins de nylon et saucissons savants.
Trompant notre plaisir, en redondantes prétentions, elles attisent le désir en préservant leur droit du con.
Et de bleu, et de rose, et de jaune, et de vert, de toutes les couleurs ces boudins sont couverts.
Elles vous sourient lascives, se plaignent de leurs chaussures, la montagne agressive qui attise leurs blessures.
C’est surtout de leur cul qu’elles parlent à mots couverts ;
il fait si froid, l’hiver !
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21. |
Feu !
00:19
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FEU !
« T’as le feu au cul, ou quoi ?!
— Hein !
— Rien !
— T’as une clope ?
— Tiens !
— T'as du feu ?
— Non
— Bah si !
— Hein ?!
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22. |
Serre Chevalier
04:03
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SERRE CHEVALIER
Serre Chevalier,
pierres éclatées,
attend son enterrement
d’un bel enneigement
L’impudeur d’une chambre,
la réalité nue,
en ce mois de novembre
la ville est dévêtue.
La chair en est durcie,
et les bras sont pendants,
assise sur son lit,
la fiancée attend.
Fidèle, mais fatiguée,
on l’habillera de blanc
pour être présentée
aux amants impatients.
Ignorant qu’en dessous
la belle est épuisée,
pour l’avoir bien payée
ils abuseront de tout.
Se vautrant sur son corps
sans même voir son visage,
ils ajouteront encore
des rides à son image.
La fiancée tressaille,
elle résiste, on l’engonce
aux premiers essayages
de sa robe si belle.
Puis, offerte en ripaille,
elle attend qu’on annonce
les premiers arrivages
de violeurs de Noël.
La fiancée s’est tue,
la mort lui irait bien,
dans son linceul, nue
elle fige son chagrin.
Serre Chevalier,
pierres éclatées,
est prise au piège.
Tiens, il neige !
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23. |
Vive la mariée
00:41
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VIVE LA MARIÉE
"Vive la mariée !
— Champagne !
— Un Aspro, et au lit !"
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24. |
Barbara
02:58
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BARBARA
L’une s’appelle « Barbara »,
Mais n’en a pas la classe !
S’imposant dans la nuit
À votre liberté,
Elle fouille dans vos bagages
Et souille vos vies privées.
Ignorant la pudeur,
Elle se joue de la vôtre,
Et vous sonde le cul :
Vulgaire, au nom des autres !
L’autre s’appelle « Barbara »,
Donne à ce nom un sentiment de grâce.
S’insinuant dans vos nuits
En toute liberté,
Elle donne aux maux les mots
dont furent vos vies privées.
S’enveloppant de pudeur,
Elle joue avec la vôtre
Et fait battre votre cœur
Pour le corps d’un autre.
Elles s’appellent « Barbara »
Et toutes deux en chasse
Arrivent à point nommé
Pour vous faire chanter :
L’une en quatre heures,
L’autre en douceur.
L’une s’appelle « Barbara » :
« Interpol, Police des frontières »
L’autre s’appelle « Barbara » :
« Interprète, poète et sincère. »
Elle s’appelle : « Barbara »…
« Suivez-la ! »
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25. |
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LES TOURANGELLES DEMOISELLES
Les Tourangelles demoiselles
Suçotent entre-elles des caramels
Elles sont sûrement un peu pucelles
En c’qui concerne l’amour charnel
Les Tourangelles demoiselles
En anglais chantent « jingle bells »
En polonais, sur l’bout des doigts
Elles peuvent même compter jusqu’à trois
« Jeden, dwa, trzy »
Les Tourangelles demoiselles
Brodent des canards sur des dentelles
Elles rient de trop, en disent de belles
Quand il est tard, elles rentrent chez elles
Les rillettes de Tours sont meilleures que les rillettes du Mans !
Les Tourangelles demoiselles
Ont la charité dans les doigts
Quand elles aspergent dans la joie
Ce vieux brigand d’oncle Marcel
Les Tourangelles demoiselles
Ne sont, sans doute, pas toutes comme elles
Mais elle, si !
Allez, on saute à la corde !
Les Tourangelles demoiselles
M’ont fait comprendre en demi-teinte
Si j’continue à faire du zèle
Sur les donzelles, les demoiselles
Si j’continue, elles portent plainte
À leurs maternelles mamelles
Pour qu’elles me donnent
Des coups d’ombrelles
Pâles séquelles tourangelles !
Chostakovitch n’est pas d’chez vous, mesdemoiselles !
Les Tourangelles demoiselles
Suçotent entre elles des Tourangelles (ad libitum)
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26. |
Framboises
01:38
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FRAMBOISES
En mordant les framboises, fruits rouges de l’été,
j’ai mordu toutes les lèvres, ces lèvres dont j’ai rêvé.
Porter les fruits en bouche comme au premier baiser,
et d’une morsure légère sentir la pulpe céder pour que gicle le sang à mes lèvres attentives.
Sauvages amours tant désirées, voilà le rêve consommé.
À pleines dents, maintenant, je jette mon dévolu sur vos corps tendres.
En masse, en vrac je vais vous prendre sans hésiter, sans qu’on m’arrête.
Et, goulûment, passionnément, j’vous bouffe la gueule sauvagement comme j’vous aurais mordu au cœur !…
… J’aurais bien dit : « au cul ! », mais ça n’rime pas pour l’heure.
Et si mes vers manquent de pieds, je m’en mettrais bien deux dans le gosier. Et si mes pieds manquent de glisser, c’est que mes verres les font tanguer.
S’ils n’ont plus d’pieds, tant pis pour eux, s’ils n’tiennent pas debout, j’suis pas l’Bon Dieu !…
… Pardon, Mon Dieu, j’ai tout mangé, toutes les framboises y sont passées ! En mordant les framboises, fruits rouges de l’été, j’ai mordu toutes les lèvres, ces lèvres dont j’ai rêvé. J’en rêverai d’autres encore !…
… À l’an prochain, d’accord ?
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27. |
Los ejes de mi carreta
03:56
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LOS EJES DE MI CARRETA
Porque no engraso los ejes
Me llaman abandonao
Porque no engraso los ejes
Me llaman abandonao,
Si a mí me gusta que suenen
Pa' que los quiero engrasaos,
Si a mí me gustan que suenen
Pa' que los quiero engrasaos.
Es demasiado aburrido
Seguir y seguir la huella
Es demasiado aburrido
Seguir y seguir la huella,
Andar y andar los caminos
Sin nadie que me entretenga
Andar y andar los caminos
sin nadie que me entretenga.
No necesito silencio
Yo no tengo en quien pensar
No necesito silencio
Yo no tengo en quien pensar,
Tenía pero hace tiempo
Ahora ya no tengo mas
Tenía pero hace tiempo,
Ahora ya no tengo mas.
Los ejes de mi carreta
Nunca los voy a engrasar.
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28. |
L'oiseau volage
03:38
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L'OISEAU VOLAGE
Tu m’avais dit : « je ne suis pas
de ces oiseaux qu’on met en cage,
me capturer, te met la rage
tu ne peux pas, je suis volage ! »
J’ai répondu : « je ne suis pas
de ces chasseurs qui piègent et traquent,
je ne voudrai de ton plumage
que les caresses d’un doux couchage,
que la tendresse de ton bel âge.
Tu es parti, je m’suis assis
dans la poussière du sable tiède.
Tu es revenu, j’ai pas bougé
tendant mes mains et mes regards.
Tant de fois, tes ailes,
ont effleuré mes yeux.
Plus d’une fois, ton bec
a griffé mes épaules.
Provoquant, excitant
ta propre tentation,
tu t’es laissé aller
même à me murmurer :
“Viens là-bas,
viens là-bas fais moins froid !”
“Viens là-bas, viens chez moi”…
Et puis tu as disparu,
et tu n’es pas rev’nu.
Et moi j’ai attendu,
attendu, attendu.
Attendu, là, figé,
fardeau d’éternité,
que tu reviennes,
que ça te prenne.
Puis la nuit est tombée,
pas la nuit de tous les jours,
mais la nuit de l’amour,
la nuit verglacée
des âmes tracassées.
De froid, j’ai greloté,
greloté, sangloté.
Au petit jour divin
qui lève les doutes enfin,
je décide de partir.
J’écris au sable fin
un mot pour te le dire
pour en finir enfin.
Virant, voletant, piaillant, criant,
tu me supplies de revenir
et tu t’épuises à me retenir.
Marchant, rêvant, sans argument,
je me retourne tout en sourire
et je m’arrête pour te dire :
“Vois-tu joli, je ne suis pas”
de ces oiseaux qu’on met en cage,
me capturer, te met la rage
tu ne peux pas, je suis volage ! »…
« Vois-tu joli, je ne suis pas
de ces oiseaux qu’on met en cage,
me capturer, te met la rage
tu ne peux pas, je suis volage !
Dommage ! »
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29. |
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ANITA (hommage à Anita Conti)
La mer des hommes affamés
La mer des atlas dépliés
La mer des enfants fascinés
La mer des vents déchaînés
La mer des bateaux chavirés,
La mer des marins épuisés,
La mer des femmes angoissées,
La mer des pêches miraculées,
La mer tant de fois sillonnée,
La mer, votre mer aimée,
Votre mère vous a appelée.
Et vous Anita, Anita aimée, vous y êtes allée confiante, échevelée, souriante et passionnée, lui conter, captivante, les histoires de la Terre.
Vous êtes partie en mer comme certains montent au ciel conter nos déraisons là-bas à l’horizon, là où finit la mer où la rejoint le ciel, là où naissent les histoires, là où plongent les mémoires :
« Au nom de la mer, du risque et du pur esprit. »
ANITA
traduction corse: Ceccè Guironnet du groupe "l'Alba"
U mare di l'omi Famiti,
U mare di i piani Aperti,
U mare di i zitelli Maravigliati,
U mare di u ventu Furiosu,
U mare di i batelli Annicati,
U mare di i marinari Sfiatati,
U mare di e moglie Angusciate,
U mare di e pesche Salvate,
U mare tante volte Vultulatu,
U mare, mare vostru Caru
A vostra mamma Vi hà chjamatu.
È voi, Anita, Anita amata vi ne site andata sicura è scapillata, surisu in bocca è passiunata, pè cuntà e storie di a tarra. Avete piglliu u mare cum'è certi si ne collenu in celu pè di e nostre sciuchezze à l'orizonte quallà, à a fine di u mare, quandu incù u celu si riunisce, quÌ nascenu e storie, quÌ sprufondenu e memorie : In nome di u mare, di u periculu è di u spiritu tantu
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