1. |
Vol libre (prologue)
05:15
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VOL LIBRE
Quand j’aurai trop travaillé
Quand j’aurai trop réfléchi
Quand je m’s’rai bien cisaillé
Que j’n’aurai rien réussi…
La mort dans l’âme, en panne
Et le cœur en lambeaux
J’irai sur la montagne
Titubant et penchant vers l’Espagne.
Sur la pente de mes rêveries urgentes
Je les aurais taillées
Drôles d’ailes : cire, plumes, osier, ficelle.
Souffle court le nez au vent
Griffé d’épines les bras ouverts,
Battant les airs, volontaire
Prenant appui sur mes peines
Mon corps fatigue
ça sent la terre, le thym, la figue
un effort !
Pieds en sang, tiré au ciel :
Roulent les pierres,
Fume la terre,
J’hume le ciel…
« Je m’envole » !
Filent et filent les nuages en dentelles
Sifflant à mes oreilles
Roses et blancs et mes yeux s’émerveillent.
S’amusant une poignée d’hirondelles
M’accompagnent et rigolent
De mon vol, de ma tête, de mes ailes !
Le temps,
Le vent,
Les amours,
Les écrits,
Les émois,
Les cris.
Les toi, les elle,
Les moi, les toi,
Les nous, les elle
Les moi les toi,
Les toi les moi,
Les toi les toi,
Les toi les elle
Et moi et moi ?
Et moi et toi
Le toit s’envole
Et toi aussi
Je rêve d’ailleurs
Mes ailes aussi !
Je tremble, j’ai froid
C’est haut, c’est bas !
Où est le sol ?
Sable chaud
Et tourbillon d’agrumes
Distraient mes amertumes.
Vent de riz
Et de safran m’embrument.
Ocre rouge
Les processions s’habillent
De Valence à Séville
Or et bleu
Je vais frôler les Dieux !
Minarets,
Prières, fleur d’oranger
Les fleuves sont dérangés
À Guizèh
Songent les Rois embaumés.
Quand j’aurai trop voyagé
Quand j’aurai bien trop rêvé
Quand j’aurai trop profité
Quand je serai revenu
Quand je serai…
Réveillé !
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2. |
Les feux de la Seine
03:53
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LES FEUX DE LA SEINE
Lever les yeux.
Une dans l'eau, l'autre dans l'air; lever les yeux.
De l’eau glisse impertinente
sur le goudron figé,
le soleil qui hésite
préfère se recoucher.
Le vent vicieux serpente
dans les manteaux glacés,
imposant sa visite,
la Reine est annoncée.
Pour que la Seine s’amuse,
on enferme les berges,
et tranquille elle abuse
de ses rives qu’elle immerge.
La ville rendue complice,
voulant lui rendre hommage,
se prend comme une actrice
à changer de visage.
Courtisanes impatientes
fraîchement toilettées,
souhaitant couper les ponts
au tourisme nippon,
secrètes, l’île Saint-Louis
et l’île de la Cité,
se voient déjà réjouies
bientôt indépendantes.
Un peintre du dimanche
format « demi-raisin »
retrousse les deux manches
et s’essaye au dessin.
D’une touche d’hiver
Très finement poudré
Paris se dépoussière,
En poussières givrées.
Des éclats de cristal,
Déchirent la torpeur,
Le peintre a bien du mal
À saisir les couleurs
Et tandis que la Seine
frise la cote d’alerte,
l’artiste travaille à perte
et se fiche de la sienne.
Un promeneur en exil
S’éloigne des badauds
Au chemin difficile
D’une rampe à fleur d’eau.
Lent déséquilibriste,
Ses pas sont en danger,
Entre Seine et touristes
La fierté sous les pieds
De l’eau glisse impertinente
sur le goudron figé,
le soleil qui hésite
préfère se recoucher.
Le vent vicieux serpente
dans les manteaux glacés,
imposant sa visite,
la Reine est annoncée.
Et des fêtes d’un nouvel an
un peu trop arrosé,
la Seine dans son élan
s’éveille délurée
Aux lumières de janvier
Paris sort de sa nuit,
et constate enchanté :
« La Seine pisse au lit ! “
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3. |
Petite dame
02:00
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PETITE DAME
D’un côté, petite dame
avait un gros sac jaune,
et du sien, petit homme
avait un grand sac rouge.
Petite dame, d’un côté
était petite, mais grande,
petit homme était court,
mais n’avait rien fait contre.
Petite dame ignora
les vues de petit homme.
Petit homme reluqua
les seins de petite dame.
Petit homme bien marié
oublia petite dame.
Petite dame n’a rien su,
elle rêvait d’un autre homme.
Trottinant, petite dame,
gambadant, petit homme,
ignorèrent que là-haut
dans le ciel qu’est tout gris,
d’un immeuble pas très gros
une petite fenêtre
cachait un petit être
plus curieux qu’une souris.
D’un côté petit dame
s’en est allé à gauche,
et de l’autre petit homme
s’en est allé tout droit.
D’un côté petite dame
et de l’autre petit homme
allaient vivre en famille
un beau Noël qui brille.
D’un côté, petite dame
avait dans son sac jaune,
et du sien petit homme,
avait dans son sac rouge
des paquets en pagaille
pimpantes pacotilles
des folies de p’tite dame,
les envies d’un p’tit homme.
Petit homme était riche,
mais n’avait plus d’idées.
Petite dame pleine d’idées
rêvait d’un p’tit homme riche.
Petit homme prit de court
courrait contre la montre.
Petite dame mis trois jours
à s’acheter la sienne.
Dans cinq ans jour pour jour
ils se diront bonjour,
mais ça n’a rien à voir,
et ce s’ra par hasard !
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4. |
Les amants du lundi
03:35
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LES AMANTS DU LUNDI
Les amants du lundi
Sont deux enfants jolis
La fille lui sourit
Il pousse la minuterie.
Les amants du lundi
S’aiment un coup dans le noir
Un coup la lumière luit.
Les amants du lundi
S’aiment un coup dans l’couloir
Un coup au Paradis
Les amants du lundi
Sont de grands impatients
Qui s’aiment comme des enfants.
Un paquet de gâteaux
En guise de resto
Du Coca au goulot
Et la vie coule à flots.
Les amants du lundi
Ne s’embrassent jamais
Quand je pousse la porte
Pas un baiser surpris.
Quand je passe, jamais,
Aucun élan ne les porte
Ils sourient !
Les amants du lundi
Sont montés à l’étage
À l’étage où je vis
Comme des enfants pas sages
Qui chuchotent et qui rient
Ils se croient seuls ici
Et je le suis aussi !
Moi l’oreille ahurie
J’écoute leurs images
Leurs images que j’envie
Des amours de leur âge.
Mon oreille attendrie
Déguste leurs baisers
Qu’ils me font partager
Malgré elle, malgré lui.
Les lèvres qui s’approchent
À peine mouillées s’accrochent.
Elle sourit, lui aussi.
Moi aussi je souris
Moi collé à la porte,
Eux, collés l’un à l’autre,
Mes rêves les escortent,
Eux en font déjà d’autres.
Les amants du lundi
Sont deux enfants ravis
Qui dévalent les marches
De leur amour en marche.
Les amants du lundi
Ne se sont pas tout dit
Ils y penseront mardi
En rêveront mercredi
Ils s’appelleront jeudi
Vendredi ou samedi,
Dimanche après-midi
Après-midi d’ennui !
Mais dimanche à minuit :
« ça y’est on est lundi » !
Les amants du lundi
Sont deux enfants qui s’aiment,
Se désirent et s’étreignent
Dans ce couloir crépi.
Les amants du lundi
Sont vraiment dans la lune
Car je les ai surpris
Enlacés brun et brune…
« Et on était… mardi » !
Les amants du lundi
Sont deux enfants jolis
La fille lui sourit,
Il pousse la minuterie.
La fille lui sourit,
Il pousse la minuterie.
La fille lui sourit,
Il pousse la minuterie.
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5. |
Ombres et lumières
04:21
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OMBRES ET LUMIÈRES
De l’Amour au baiser
Du baiser au toucher
De toucher, s’interdire
Mais le faire pour le vivre
Sur le fer endormi
Des marches que tu gravis
Résonnent et mon envie
Et les pas que tu fis
La passerelle résonne
Et mon cœur transi
Et mon corps déraisonne
Ta silhouette surgit
Des ombres et des lumières
Les yeux dans les barrières
Ton image se dessine
Et mon désir rapine
Quelques clichés de toi
Qui se gravent en moi
L’instant et trop présent
Et saute dans le temps
Ton image est trop près
Mes gestes en excès
Brûle, brûle ma bouche
Et ta chair en fusion
Tu es là et j’y couche
Mon rêve devenu passion
Le silence fait place
À la tension de glace
La tentation figée
Nos gestes arrêtés
Aux barrières plaquées
Nos âmes se sont choquées
Et tu es la surpris
Et je le suis aussi
Redeviens vite ce rêve
Que je revive encore
Cette passion qui s’achève
Qui me mordille au corps,
Tu remontes, je t’entends
Tu remontes, je t’attends
Et reviennent à moi
Et reviennent en moi
Et se plaquent et me traquent
Ces rêves qui me portent
Ce rêve qui m’emporte
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6. |
Coup de fille
02:00
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COUP DE FILLE
Dieu, qu’elle belle
dans cette cabine téléphonique.
La tête de celle qu’un tout petit tracas panique !
Quand elle me hèle pour s’enquérir d’un stylo Bic
Je la trouve belle,
elle me trouve sympathique !
Mais que fait-elle ?
Elle rit et dit qu’c’est pas pratique,
qu’elle le rappelle dès qu’elle arrive chez Dominique…
Je me les gèle !
Il serait temps qu’elle m’rende mon Bic !
Je me les pèle !
« Tenez, monsieur, vous êtes très chic ! »
Qu’elle était belle ! … Moi j’étais chic !
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7. |
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8. |
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LE VENDEUR DE COUQUES SUISSES
Le vendeur de couques suisses
à des doutes sur son stock
sur la place de Dunkerque
il s’active et s’inquiète
Sur les plages zuydcoote
Il promènera ses guêtres
Sur ces plages tout à l’heure
Son cœur va se démettre
Son corps et ses cheveux
D’enfant blond d’enfant blanc
Qui s’inquiète pour son stock
De brioches d’antan
Tête au nord entre une averse à l’est et un sourire à l’ouest
Piétinant les couteaux dont les coques croustillent
Il pensera au stock de couques suisses qui l’habillent
Il pensera aux filles
Vent d’est et vent du sort le sable à ses chevilles
Qui picote et pétille
Y’en a une qu’il adore qu’il croisera à « L’écume »
Dans un relent de brune il lui dira l’Amour
Tête au nord entre une averse à l’est et un sourire à l’ouest
Piétinant les couteaux dont les coques croustillent
Il pensera au stock de couques suisses qui l’habillent
Il pensera aux filles…
Mais déjà bien la brume dans son corps et autour
Et il préfère filer avant d’être fou, toujours
Et il préfère filer comme file le sable
Et il préfère filer garçon trop raisonnable
Vendras-tu garçon têtu
Vendras pas gare à toi
Vent du nord et vent d’est
Tu vas te prendre une veste
Et tu iras marcher
Les bras serrés dans les poches
Le col relevé sur ta caboche
Sur les plages de zuydcoote
En pensant à ton stock
De couques suisses qui t’habillent
Et à cette fille qui brille
Comme un phare dans ta vie
Quelles sont les amertumes
Dont tu souhaites l’écume
Tu disparais aux dunes
Enveloppé de brume
Et le sable qui pétille
Réveille tes chevilles
Et le sable qui pétille
Réveille tes chevilles…
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9. |
Gerberoy
01:44
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GERBEROY
La neige tombe ou plutôt est tombée
à grosse enjambée sur Gerberoy
Le feu crépitant et le pétrole lampant
s’accordent un peu de chaleur
Les draps sèchent ça et là
et le paysage tout blanc illumine la vallée
même quand elle dort
C’est beau, si beau,
et vous n’êtes pas là
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10. |
Les jeunes-vieux
04:16
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LES JEUNES ET VIEUX
Les jeunes vieux sont pénibles,
Ils s’amusent à des jeux
De jeunes gens insensibles.
Les jeunes vieux ne sentent rien,
Ils ont des chemises bleues
Et des pantalons bien.
Les jeunes vieux sont « F’iançés “
Pour qu’amour heureux
Soit une histoire classée.
Les jeunes vieux suent l’ennui
Leurs caresses d’amoureux
frôlent le carton bouilli.
Une main sur l’autre cuisse,
Attendent que Dieu bénisse
Et leur donne sans qu’ils jouissent
Des enfants sages et lisses,
Cinq ou six, huit ou dix,
Bérénice et Clarisse
Béatrice ou Alice.
Pendant ce temps, les vieux jeunes
Parlent très fort dans les trains.
Ils emmerdent tout le monde
Mais avec quel entrain !
Pendant ce temps les vieux jeunes
parlent de leurs voisins
Comme si le reste du monde
les connaissait très bien.
Les vieux jeunes vivent heureux
Car ils sont jeunes mariés
Ils se dévorent des yeux
Sans douter de s’aimer
Les vieux jeunes insouciants
Parlent tellement et tout le temps
Qu’ils ignorent que le temps
Les éloigne d’antan.
Les vieux jeunes sans en rire
Ont un vieil opinel
Qui leur sert à ouvrir
Un canif infidèle
Les vieux jeunes mangent le gras
De leur tranche de jambon
Souriant à deux nanas
Que le régime tient bon.
Les vieux jeunes ont des yeux
où brillent des souvenirs
que l’éclat de leur bleu
ne laissera pas mourir.
Les vieux jeunes sans nuances
Ponctuent par des silences
Des images de l’enfance
Où traînent quelques souffrances.
Les vieux jeunes sans s’en faire
Parlent du cimetière
Réenterrent le Bébert
En buvant une bonne bière.
Pendant ce temps les jeunes vieux
Sont tellement sans passion
Qu’on s’assiérait sur eux
En surréservation
Pendant ce temps, les jeunes vieux
Parlant sans rien se dire
Ont la vie devant eux
Pour se laisser vieillir.
Sans plaisirs,
sans souvenirs,
vieillir.
Vieillir pour mourir.
Pas claquer !
Pas crever !
Juste s’éteindre
Sans rien dire !
Ah, si ! un p’tit mot à Saint Pierre
Sur une vie exemplaire.
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11. |
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12. |
Peau d'âme
06:26
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PEAU D’ÂME
L’être s’avance,
se déhanche et flanche.
Être divin mi-solide, mi-fluide,
mi-figue, mi-raison,
mi-fille, mi-garçon,
beauté ivre d’esprit,
de spiritueux aussi.
L’être titube et se méprise
se déshabille et se divise
l’ange et l’esprit vont d’un côté,
la chair de l’autre est balancée.
Tu es la chair et tu es l’autre,
l’autre partie, l’autre est parti.
Tu es la terrestre beauté,
négligemment, lâchement jetée
sur cette couche où tu t’étires,
sur cette couche où tu m’attires.
L’ombre de l’ange quitte la chambre
et je m’avance sans plus entendre
le bain qui coule là-bas au loin.
Je m’approche et je vais te prendre,
mes mains te veulent, je les retiens.
J’attends et prudemment
t’effleure de mes doigts
pour sentir comment
tu es fait et de quoi.
Devant la glace, je t’essaierai
conscient, pourtant, de posséder
un bien fragile qui n’est pas mien.
Mes doigts glisseront dans les tiens
et, là, j’ajusterai tes seins
tellement plus doux, tellement plus fins
juste pour qu’ils tombent sur les miens.
J’épouserai tes lèvres humides,
ton regard et ton corps avides,
danseront et lanceront vers ciel
de longs soupirs d’extases charnelles.
Je ferai danser nos corps
sur les musiques de l’âme
et nous crierons « Encore »
en transpirant des flammes.
Hurlants, nous briserons
ce qu’il reste de pudeur
et nous nous gorgerons
des humides langueurs.
Des danseuses cannibales
viendront se joindre au bal.
Mais, hurlants de trop jouir,
nos cris les feront fuir
« Dansons, crions en chœur,
qu’explosent nos ardeurs
à nos envies de feu,
aux violences de nos jeux ! »
Au moindre bruit, pourtant
O, mon amour grisant
Je te jetterai vivement
Comme tu l’étais avant.
Beauté flanquée, gisant
Beauté qui somme sagement,
refroidie, endormie
sur ce lit où tu gis
attendant que peau d’âme
recouvre ses esprits calmes.
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13. |
Un orage à Porto
03:12
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UN ORAGE À PORTO
Toi tu es Portugais, musicien de Porto,
Moi je n’suis pas d’ici, je suis là par hasard.
On est là tous les deux à Belfort, pourquoi pas !
Vous êtes là rassemblés sur la scène bâchée
On est là rassemblés l’orage nous y a guidés.
Je ne sais rien de toi, je t’ai juste entendu
Tu ne sais rien de moi, tu ne m’as même pas vu.
Il a plu sur tes cheveux noirs,
il a plu sur tous les cheveux.
Il a plu dans mes yeux ce soir,
Tu m’as plu tu chantais, joyeux.
Vos cœurs chauffaient vos habits noirs
Des rubans rouges zébraient les cieux.
Je t’ai reçu comme on désire
Les pluies soudaines de l’été.
Surpris, saisi, et tout trempé
Je refusais de m’abriter
Me dénudant pour mieux en jouir,
De tout mon corps en profiter.
Saute d’humeur, saute de temps
Y’a bien des heures qu’t’as fichu l’camp !
Tu as dû repartir, j’suis parti avant toi
Tu as posé tes bagages quelque part à Porto
Je rêve d’y venir, et t’offrir au plutôt
Ce souvenir d’orage pour qu’il tremble sous ton toit.
Je ne sais rien de toi, je t’ai juste entendu
Tu ne sais rien de moi, tu ne m’as même pas vu.
Je t’ai vu, entendu, il a plu, tu m’as plu.
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14. |
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15. |
Un jour gris
04:53
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UN JOUR GRIS
Un jour gris,
Des cloches,
Un dimanche,
Mars.
Blotties le long de la Seine,
Les maisons refroidies
Ajoutent au gris :
Du gris.
Notre-Dame grise,
Le Panthéon gris,
La Seine sombre,
Une dame aux cheveux bleus
Et du vent froid.
Une écharpe rouge
Et un loden vert,
Une baguette déjà froide
Et un missel de pierre
Plongent dans la gorge
D’un immeuble austère.
Un bateau-mouche déserté
Glisse sur l’ennui
D’un commentaire hors saison.
Le bruit sec des talons
D’un couple transi
Ajoute au gris
Une note de glace.
Des touristes vert anglais
Engouffrent leurs souvenirs
Dans un grand bus chauffé
Et vont quitter Paris
Sur fond de nostalgie.
Un jour gris,
Des cloches,
Un dimanche,
Mars.
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16. |
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UN ANGE À TERRE
« Mais t’es qui, toi ?
T’as l’air de quoi assis comme ça ?
T’es qui ?
Un ange !
T’es pas d’ce monde comme c’est étrange !
Qu’est-ce qu’i se passe
Qu’est-ce qu’i ne va pas ?
Tu es tombé du ciel et t’as cassé tes ailes ?
Laisse-moi t’aider !
J’suis là comme toi j’ai échoué là
Laisse-moi r’garder…
Laisse t’aider putain d’bordel ! »
Viens jusqu’à moi et cesse
De pleurer sur tes ailes
Je les ferai plus belles
Plus belles que ta tristesse.
J’y mettrai des bateaux
Des tonneaux d’hydromel
Des musiques sur lesquelles
Les corps déçus se dressent
J’y mettrai mes détresses
Pour qu’elles fendent le ciel
Et toute ma tendresse
Pour que t’aies chaud là-haut.
J’y mettrai des caresses
Pour ton repas du soir
Et des baisers sans cesse
Pour que tu puisses boire
Emmène-moi sur ton dos
Nu
Prends ton envol
Fuyons l’enfer !
Mon corps grisé
À toi tenu
Je vois nos pieds
Fuir la Terre
Mes bras noués
À tes aisselles
J’ai le vertige
Le mal de ciel
Trempé d’écume
Dont je m’enivre
L’air que tu fends
Colle et se charge
Ça sent l’effort
Dont je suis ivre
Et la puissance
Dont tu me charges.
Mon cœur mon corps
À toute volée
Fêtent en fanfare
Notre envolée
Ça y’est bel ange
Voilà soleil
Encore, encore
Mon corps s’éveille
Échoué sur les rives
Près de toi haletant
Je dormirai bercé
Des musiques de ton âme
Agrippé à ton corps
Comme un enfant confiant
Nous aurons traversé
Les cieux que l’on condamne
Et sillonné les mers
De rêves clandestins
Passagers sans destin
D’un navire insouciant
Je me laisserai bercer
Mes jours liés aux tiens
Dans les ondes vibrantes
De désirs inconscients
Comme aux galets brûlants
Des plus beaux jours d’été
S’assoupissent les vainqueurs
D’un combat terminé
En rêvant de bonheur
De quiétudes et d’amour
S’estomperont nos douleurs
Et nos bien tristes jours.
Viens jusqu’à moi bel ange
Où laisse-moi t’approcher
Si t’as cassé tes ailes
Je sais les réparer.
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