1. |
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CHEMINS D’HIVER
Toi, tu étais dans le train,
Et moi j’étais dans le mien,
Nous pensions l’un à l’autre.
L’un vers toi, l’autre à moi,
Nous roulions.
Des volutes de brouillard
S’échappaient de l’encensoir
Des entrailles de la Terre.
Enveloppant dans le soir
Routes grises et champs noirs
De nos chemins d’hiver.
Un jour avait passé,
Une nuit avait givré,
Le soleil s’est levé,
Puis il s’est recouché,
Sur nos petites histoires
À droite de l’accoudoir.
Toi tu étais dans mon train,
Et moi j’étais dans le tien,
Nous allions de l’un à l’autre,
Tu fumais, je rêvais
Nous volions.
Les anges de la nuit
Transportaient nos images
Nos envies ahuries
Comme des rêves volages
De nuage en nuage
En gouttelettes de pluie.
Tu remonterais du Sud,
Rempli de certitudes
Moi j’arriverai du Nord,
En changeant à Bastille.
On s’retrouverai tout con
Bout du quai, gare de Lyon.
Toi, tu es là sur le quai,
Et moi je suis là sur le quai.
Entre nous il n’y a qu’des valises
Et juste la place pour s’dire : “Bonjour”.
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2. |
Le temps de le dire
00:15
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observation :
"Ici le temps passe lentement ; pas les camions !"
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3. |
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SERRE CHEVALIER
Serre Chevalier,
pierres éclatées,
attend son enterrement
d’un bel enneigement
L'impudeur d'une chambre,
la réalité nue,
en ce mois de novembre
la ville est dévêtue.
La chair en est durcie,
et les bras sont pendants,
assise sur son lit
la fiancée attend.
Fidèle, mais fatiguée,
on l'habillera de blanc
pour être présentée
aux amants impatients.
Ignorant qu'en dessous
la belle est épuisée,
pour l’avoir bien payée
ils abuseront de tout.
Se vautrant sur son corps
sans même voir son visage,
ils ajouteront encore
des rides à son image.
La fiancée tressaille,
elle résiste, on l’engonce,
aux premiers essayages
de sa robe si belle.
Puis,offerte en ripaille,
elle attend qu'on annonce
les premiers arrivages
de violeurs de Noël.
La fiancée s'est tue,
la mort lui irait bien,
dans son linceul, nue
elle fige son chagrin.
Serre Chevalier,
pierres éclatées,
est prise au piège.
Tiens, il neige !
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4. |
Dicton
00:53
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Giboulées de mars en avril, en mai ne te découvre pas d’un fil !
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5. |
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RONCES
Au jardin si joli des amours en fleurs
J’ai fait un tour ici innocent de bonheur
Je me suis pris le coeur aux ronces de ton amour
Bosquet saignant de fruits rouges, éclatants
Ignorant la douleur de caresses en épines
Je plonge plus loin encore pour mieux en profiter
Je tire, je me déchire, ma peau cède en lambeaux
Je tire, j’ai mal, j’ai mal, mais c’est si bon
De la bouche et du coeur je dévore de désir
Les baies juteuses en grappes dont je m’ensanglante
Les ronces dont je m’arrache sont au moins mille blessures
Ardentes, qui m’agrippent lorsque je m’en détache
J’arrache encore, j’arrache et mes blessures se creusent et le mal à présent me fait mal. Plus de ronces, plus de fruits, mais une pelote de fer où pendent, déchiquetés des morceaux de ma chair
La douleur est en moi, redevient le plaisir
Étrange plaisir, de souffrir, de détruire
La récolte est amère, je m’étire, respire
Et mes liens se desserrent, s’éloignent et disparaissent
Mes plaies se referment, cicatrices charnues
Comme des lèvres recousues interdites à l’amour
Il ne reste que des mots, des mots, des mots
Et je me sens idiot… …Idiot
Au jardin pas joli des amoureux en pleurs
J’ai pansé des blessures qui signeront ma vie.
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